vendredi 28 décembre 2012

Reims et l'eau

Les rapports entre la cité et l’eau sont anciens. Ils remontent à l’installation de la tribu gauloise des Rèmes dans la région sur un espace partagé  entre terrain solide (éventuellement crayeux) et marécages, au sud-ouest, paradis des maraîchers au Moyen-âge. Ce qui est confirmé par l’appellation du terrain marécageux jusqu’à la fin du moyen age : terrain de la Couture (pour Culture) sur un espace qui va de la rue de Talleyrand à Sainte Geneviève/Sainte Clotilde (de l’est à l’ouest) et Fléchambault à Clairmarais (Clarus Mariscus) (du sud au nord) pour la traversée de la cité

Pour une question de simplification et de clarification, j’ai créé   plusieurs paragraphes :

     A-Les rivières

B-Les fontaines

C-Les puits 

D-Les étangs, lavoirs et abreuvoirs

E-Les bains et piscines

F-Divers


Les rivières
       A-1-La Canetière – (disparue dans l’assèchement du quartier) Affluent de la Vesle- la seule située sur la rive droite de la Vesle. Elle prenait sa source au mont Rancien (déformation de « Reims »), une simple butte située au sud du boulevard des Tondeurs et à l’est de l’avenue de Laon Elle traversait le faubourg de la Neuvillette. A l’examen des courbes de niveau, il devait exister 2 rivières de ce nom, une Petite et une Grande Canetière, la Petite se jetant dans la Grande au niveau de l’église. Il existe actuellement 5 voies ou lieux portant ce nom  à la Neuvillette.

Signalons au passage qu’une canetière était aussi le nom donné à une ouvrière du textile qui remplissait les canettes.

      A-2-La Folle Peine (disparue) –Affluent de la Vesle connu en 1190. Au Moyen-Âge, c’était un cours d’eau où des bateaux ont circulé pendant un certain temps  (voir  Vesle) Elle a disparu en 1450 après assèchement du quartier pour construire les premières habitations. Origine du nom : follis poena ou fole paina : c’était de «  mauvais retains (plante potagère, joute ou jouste) que l’on avait « folle peine à cultiver ». La  rivière coulait au milieu de champs de cette herbe. Victor Hugo y rencontra une gitane, et en fit le modèle d’Esmeralda et le sonneur de Saint Remi Henri Nicart, contrefait lui-même, devint le modèle de Quasimodo.. On atteignait la rivière par un chemin repris ensuite par la rue du même nom baptisée en 1841. En 1875 elle allait de la rue de Venise à la rue des Moulins.

      A 3-La Moise (ou Moiselle)
Voie d’accès par la rue Passe-Demoiselles entre la rue du colonel Fabien et la rue de Courlancy où elle accède par un coude.
La rivière prend sa source dans la montagne de Reims et se jette dans la Vesle au niveau du pont de chemin de fer d’Epernay. Le chemin en question permettait de passer la Moiselle (première explication): ou (deuxième explication : il était si étroit que ne pouvait y passer qu’une demoiselle à la taille fine.) La voie avait porté  d’autres noms : en 1873, chemin aux Demoiselles et en 1877, chemin Passe Demoiselle. En 1901, la mairie n’a pas reconnu cette voie dont l’officialisation est intervenue plus tard et en 1910, une pétition pour changement de nom a été rejetée. Actuellement’ cette rivière n’existe plus, elle était comprise dans les travaux d’assèchement des marais

      A-4-La Muire- Très petite rivière. Elle prend sa source devant le monument aux morts de Bezannes  et atteint le territoire de Tinqueux au pont de Muire, rond point Charles De Gaule pour se jeter dans la Vesle en bordure  de Tinqueux et Reims aux marais de la Muire, sous l’autoroute A4. On y accède par le chemin de la Muire qui, en 1892,  devint rue de Tinqueux.

      A-5-La Pissotte. Située dans le quartier Fléchambault. Le tracé de son cours est inconnu
Il existait au Moyen Age une rue  du même nom que certains auteurs situent rue des Grands Murs Saint Remi. La Pissotte est aussi le nom d’une rivière qui passe  à Villedommange. Est-ce la même ?

      A-6-Le Rouillat- Affluent de la Vesle
C’est un ruisseau que l’on appelait Roulia sur un plan de 1771 ou Rouilla qui se jette dans la Vesle au sud de Reims. Il existe 2 rivières du même nom un Grand Rouillat qui prend sa source près de Chamery et un Petit qui prens sa source plus à l’est et se jette dans le Grand au niveau de Villers aux Nœuds. Une partie de son cours est souterraine. Au 18ème siècle, un moulin était établi sur la rivière.
Une des voies d’accès se fait par l’avenue de Champagne que l’on a longtemps appelé voie du Rouilliat  (appellation toujours d’emploi courant)

      A-7-Le Ruisselet- Affluent de la Vesle. (Ou le Rousselet, appellation populaire en 1860) . Rue pavée en 1827. Elle allait de la rue du K Rouge à la Vesle. En 1860, on y voyait le premier immeuble de rapport de Reims : 3 étages à façade en pierre de taille. La rivière se jetait dans la Vesle près du boulevard Dieu-Lumière.

       A-8-Le Ruisseau des 3 Fontaines. On y accède par la rue Marcel Thil, ex rue des 3 Trois Fontaines de 1878. (Nouvelle rue d’après l’annuaire Matot-Braine qui a succédé au chemin des 3 Fontaines) qui allait à l’époque de la rue Géruzez à la rue du Mont d’Arène. Il y  avait 3 fontaines qui se regroupaient. Dans le quartier, en 1920, on voyait la cité du même nom qui regroupait des habitations populaires style Foyer Rémois. A noter qu’au début du 19ème siècle, la rue passait au lieu-dit : « le Pré du Puits » et précédemment au lieu-dit « le Temple »

      A-9-La Vesle – La rivière la plus importante qui traverse Reims en entrant en ville par Cormontreuil au sud et en ressortant à l’ouest près de l’impasse Saint Charles. Elle prend sa source à Somme-Vesle et se jette dans l’Aisne à Condé sur Aisne, après 143 Km de cours. Le nom de la rivière vient de celui d’une divinité romaine appelée Vidula ou vitula quand elle était jeune et vesula quand elle a vieilli ; Son nom est  emprunté à cette dernière terminologie. D’après d’autres sources, le nom viendrait d’un nom gaulois : Vid ou Vidula, « rivière dans la forêt « . Un grand nombre de voies permet d’accéder à la rivière qui a été détournée en 1845 pour laisser la place au tracé du canal

NOTE : à Muizon, la Vesle reçoit un petit affluent appelé La Fosse. De 1600 mètres de long.
Les voies d’accès à la Vesle les plus importantes sont :
       la rue de Venise -ou Venisse en 1205 – Veniscid ou Venitiis en 1240 (d’après Marlot) –rue de l’Agriculture en 1794 suite aux changements de nom dus à la Révolution et elle a repris son nom d’origine au début du 19ème siècle. Les nombreux bras de la rivière que l’on rencontre dans le secteur font penser à la ville de Venise en Italie. La rue est perpendiculaire à la rivière ; elle  a été ouverte en 1205. En 1868 il y avait encore un égout au milieu de la rue. Les marais n’ont été totalement asséchés qu’en 1360 dans ce secteur. En 1864, la rue allait de la rue Neuve au boulevard Fléchambault. La rue fut pavée en 1824. Elle s’est appelée aussi rue Saint Jean sur le Jard car ses habitants étaient rattachés à la paroisse Saint Jean Césarée. Au 15ème siècle, une statue de Saint Fiacre, patron des jardiniers se trouvait dans la rue.
      la rue de Vesle. Cette dernière est perpendiculaire à la rivière qu’elle traverse. Baptisée en 1841. Elle recouvre pratiquement le Decumanus romain et l’aqueduc de la Suippe Au 12ème siècle, la rue passait au milieu des marécages et au milieu des cultures.  En 1864, elle allait du palais de justice au faubourg de Vesle. Le 22-05-1574, on fit un essai de transport par bateau entre la Buerie, c’était le lieu où on lavait le linge de l’hôpital (voir plus loin : bras de la Vesle) et le pont de Venise. Essai qui dura quelques jours et qui resta sans suite. (Voir rue Folle Peine) A l’arrière des 3 dernières maisons impaires, près de la place Stalingrad, on trouve une cour intérieure pavée, reste d’une ancienne rue du Moyen-âge et un peu plus haut, les façades de 2 immeubles moyenâgeux incorporés dans la façade d’un immeuble moderne.
      Rue Chativelle ou Chativesle. Connue en 133. Le nom pouvait avoir plusieurs origines dont «  château de la Vesle « où les maraîchers pouvaient se réfugier en cas de besoin, ou dérivé de «  cheoit-y-vesle car un bras de la rivière, détaché à Fléchambault retombait dans la Vesle à cet emplacement. La rue allait de la rue des Coutures au boulevard des Promenades en 1864.

Les  bras de la Vesle.
L’existence de marais au sud ouest de la cité a été propice à l’éparpillement de la rivière en de nombreux bras. Leur point de départ se concentre essentiellement au niveau du pont Fléchambault dans 2 directions principales : au nord, autour des remparts du 14ème siècle en direction de la cathédrale et au-delà et en perpendiculaire, la partie la plus importante vers le nord est en direction de l’usine élévatrice des eaux du père Fery et des marais de Couraux, zone de captage importante pour les eaux de la ville. Certains bras sont suffisamment importants pour justifier d’une appellation en propre. C’est ainsi que l’on trouve les 5 voies suivantes.

      A-10-la Rivière Longcol ou Longol – (plan de 1775)
      A-11-la Rivière Neuve ou on puisait l’eau qui alimentait la machine du Père Féry (usine élévatoire qui montait l’eau à 20 mètres) et qui fournissait l’eau aux 17 fontaines Godinot. On y accédait par l’avenue de Champagne actuelle (voir plus loin dans « fontaines et bornes publiques)
      A-12-le Ruisseau de la Prairie
      A-13-la Rivière Fleurie
      A-14-la Rivière Brûlée. Près de la chaussée Bocquaine. La rue du même nom longeait la rivière. Elle a disparue en 1912.
      A-15-Rue Large- En 03/1804, le journal de Rheims signalait la présence d’une petite rivière (vraisemblablement un des nombreux bras de la Vesle) qui longeait l’arrière cour de l’immeuble numéro 14.
      A-17- Un bras de la Vesle se détache de celle-ci derrière l’église de Cormontreuil et rejoint son cours au niveau de la rue Henri Paris. (Position actuelle)
      A-18- Les Affiches de Reims signalaient un bras de la Vesle aux pieds de la tour Saint Victor (ou Saint Jobert) près de la porte à Vesle jusqu’en 1873 (bras asséché)
      A-19-Jardin Colbert – Au 14ème siècle, son emplacement était traversé par un bras de la Vesle non encore canalisé.
      A-20- En 1537, un ruisseau traversait le cimetière de la Madeleine.
      A-21-Au 226 rue de Vesle, en 1853, l’Industriel de la Champagne signalait une tannerie à vendre dont le terrain et la rue de Vesle adjacente étaient traversés par un bras de la Vesle.
      A-22-Place Robert de Lenoncourt. En 1899, un ruisseau, reste d’un bras de la Vesle parcourait encore la place.

      Note complémentaire
      A-23-île de la Madeleine – 1328- Sur la Vesle. Disparue avec la construction du canal ; Autre nom : Ile Notre Dame. Le lieu-dit (ou rue) Entre 2 ponts traversait l’île de la Madeleine. Il comportait 3 portes : porte de la Barbacane, une 1ère porte de Paris et entre les 2, une porte sans fortification. En 1490, à la Chandeleur, une crue importante de la Vesle emporta plusieurs maisons établies sur les ponts. La Buerie était le lieu où on lavait le linge de l’Hôtel Dieu. A cet endroit, le bras de la Vesle formait un U. Au 15ème siècle les branches 2 et 3  ont été asséché La rue Entre 2 Ponts longeait la 1ère branche qui, elle-même longeait l’arboretum au sud de la chaussée Bocquaine. La rue s’appelait « le Pont de Pierre » et était toujours connue en 1905. Le Pont de Pierre fut détruit en 1914/1918 et reconstruit en 1932 après assèchement de la branche n° 1. Cette branche avait 2  lavoirs dont l’un s’enorgueillissait de posséder 2 essoreuses, supprimés aussi en 1932. Cette branche avait aussi une réserve à poissons. Détruit de nouveau en 1940/1945, le pont a été reconstruit.
      A-24-Ile Saint Rémi- En 1333- au milieu de bras de la Vesle, devant la porte Fléchambault. Elle supportait 2 moulins.
      A-25-Grande chaussée des Marais » dans le secteur de la rue de Venise. Entre la Vesle et les remparts en 1750
      A-26-Rue du Moulin Brûlé (1852) Connu en 1523, Elle appartenait au Chapitre. Installé sur un bras de la Vesle Elle allait du 258 rue de Vesle à la ligne de chemin de fer.
      A-27-Moulin Huon, -C’était un moulin à huile placé sur un bras de la Vesle.
      A-28-l’aqueduc de la Suippe aboutissait derrière Saint Nicaise et était connecté au réseau d’eau  potable existant depuis les romains, inutilisable à partir du 12ème siècle à cause des destructions des envahisseurs divers et aussi par les habitants eux-mêmes pour éviter des incursions ennemies par ces canaux souterrains. (Voir le système d’égout découvert sous la place M .T. Herrick après la première guerre mondiale) Etant encore en bon état, l’architecte de la ville, Henri Deneux avait pensé les réutiliser.

      A-29-Légende : La croyance populaire voulait qu’il y ait une rivière souterraine au niveau des fondations de la cathédrale. Il se serait agi d’un bras de la Vesle sur lequel on aurait pu circuler en barque. Après les destructions de la première guerre mondiale, l’architecte Henri Deneux a effectué des fouilles descendant à 11mètres de profondeur qui ont permis de démolir cette légende. Tout au plus a-t-on pu trouver les restes d’un petit puits ayant servi à alimenter le chantier des tours en eau.

Les fontaines et bornes publiques.

Un système romain d’aqueducs et un quadrillage de tuyaux de plomb établi au 3ème siècle fut détruit au 12ème siècle suite aux diverses incursions barbares depuis le 9ème siècle. En particulier, l’aqueduc de la Suippe. Les habitants durent se contenter des puis creusés à travers la ville (autorisations accordée par le Conseil de Ville) sources de maladies et d’épidémies.  Les sources de nuisance dont les fosses d’aisance et les égouts à ciel ouvert étaient souvent prés des puits. En 1665, le Conseil de Ville commença à se préoccuper du problème mais sans suite.
      Les fontaines se sont développées au 18ème  siècle grâce surtout à l’action du chanoine Godinot, exclus du chapitre mais très riche (il possédait des vignes). Il était soucieux de l’hygiène de ses concitoyens, il consacra une parie de sa fortune à l’édification de 19 fontaines qui furent surnommées « fontaine Godinot » disséminées dans la cité. Il fit appel au père André Féry 1716-1783) du couvent des Minimes qui avait inventé une machine élévatoire des eaux dont on trouve aussi un exemplaire à Amiens et à Dole. Cette usine fut implantée sur un bras de la Vesle (Rivière Neuve, bras artificiel de la Vesle creusé sur ordre de Sully, première tentative d’apporter de l’eau potable à la ville, sans suite.) En 1747, l’eau était captée au carrefour de l’avenue de Champagne et de l’allée aux Moines actuels. Le bâtiment est toujours visible à cet emplacement. On y accédait par la rue du Château d’eau qui a été débaptisée à la Révolution à cause du mot « château » et fut  appelée rue de la Machine Hydraulique avant de reprendre son nom. Elle élevait l’eau de 20 mètres grâce à une roue de 24m de diamètre. Par contrat, elle devait fournir 751 M3 d’eau par jour, ce qu’elle n’a jamais pu faire à cause de fuites nombreuses. En 1813, en honneur du chanoine, on avait envisagé l’implantation d’une fontaine monumentale place de la Couture (place d’Erlon): on aurait  utilisé les 2 figures allégoriques du soubassement de la statue de Louis XV place Royale et surmonté le tout du buste du chanoine  (non réalisée) La place Godinot a été inaugurée en 1842. Les fontaines « Godinot » n’eurent plus lieu d’exister lorsque la ville décida la construction d’un réseau public d’adduction d’eau potable commencé en 1844, terminé en 1885 suite à la découverte d’une nappe souterraine en 1874 avec la création du premier puits à Fléchambault pour alimenter 56 bornes puis l’établissement de concessions individuelles (1528)
      B-1-Fontaine Saint Thimothée. La première fontaine Godinot construite en 1747 dans la rue du même nom.  Le conseil de ville avait prévu de l’appeler « Fontaine Godinot » sans suite.
      B-2-Fontaine Bernard – du 18ème siècle – disparue. Elle était située au bas de la rue de Vesle.
      B-3-Fontaine des Minimes -rue Féry actuelle, créée en 1753, détruite au 19ème siècle.
      B-4-Fontaine de Puysieulx.1769 - Construite avec l’argent de Brûlart de Sillery, marquis de Puisieulx ; La fontaine (appelée d’abord Saint Maurice) située rue Gambetta actuelle a disparu en 1845
      B-5-Fontaine des Carmes. Située rue du Barbâtre à l’angle de la rue des Carmes. Il ne reste que le mur du fonds. Inscrite aux Monuments Historiques le 22/06/1923.
      B-6-Fontaine Rogier- Construite en 1755, dégradée en 1793, restaurée en 1841, démolie en 1844. C’était le nom d’un lieutenant des habitants. Elle était située place Myron T. Herrick.
      B-7-Fontaine des Boucheries - Rue des Boucheries, Construite en 1750, baptisée en 1780. Déplacée à l’entrée de la rue de la Clef puis au cours Langlet en 1935, d’abord sur le trottoir face à la chambre des Notaires puis dans l’axe du cours. Elle a été déplacée le 16 avril 2009 place jules Lobet pour laisser le passage au tramway en construction. Elle était appelée aussi Roche-Aumont ou Roche Aymon (Charles Antoine- 17-02-1697 / 27-10-1777), cardinal qui maria Louis XVI et le sacra ensuite à Reims. Elle s’appela ensuite Fontaine Talleyrand.
      B-8-Fontaine Notre Dame de 1750 située à droite du pilier sud de la cathédrale, entre la cathédrale et le mur de l’archevêché. Le conseil de ville avait prévu de l’appeler « Fontaine Godinot » sans suite. En 1869, après prolongation du mur de l’archevêché, il était  prévu de réédifier cette fontaine, rue du Barbâtre, prés de l’hôpital civil sur le terrain de l’auberge de la Croix Verte disparue. Non réalisée.
      B-9-Fontaine Coco- Construite en 1747, démolie en 1852. Située à l’angle de la rue de Contrai actuelle. On disait aussi fontaine des Loges Coquault ou loges Cocaut. La famille Coquault existait au 13ème siècle. Oudarl Coquault a écrit une histoire de l’église, ville et province de Reims. C’est grâce à lui et au dessinateur Jacques Cellier que l’on a conservé la mémoire du labyrinthe dessiné sur le pavement de la cathédrale  détruit au 18ème siècle, Les enfants y jouaient à la marelle, ce qui déplaisait aux chanoines. Le dessin de ce labyrinthe sert de logo aux monuments historiques.
      B-10-Fontaine Colbert prévue au 18ème siècle, non réalisée.
      B-11-Fontaine Courteil construite rue des Marmouzets actuelle, disparue en 1842. Dédiée à monsieur Courteille de Saint Contest de la Châtaigneraie, intendant de Champagne (…/… 1784),
      B-12-Fontaine Machault. Construite en 1753. Elle était située au Marché aux Draps (place du Forum) Elle a arrêté de fonctionner en 1840 et fut déplacée place Saint Nicaise (dont elle a pris le nom) en 1838 puis de nouveau en 1898  place Sainte Balsamie. Elle se trouve actuellement dans la cour du musée Saint Remi..
      B-13-Fontaine des Orphelins. Construite au 18ème siècle, disparue en 1842. Située dans la rue des Orphelins actuelle.
      B-14-Fontaine Saint Pierre les Dames ; 18ème siècle au centre de la place Godinot. Reconstruite en 1842 puis 1904, sans eau. Détruite  pendant la 1ère guerre mondiale. Reconstruite.
      B-15-Fontaine Coquebert. Construite au 18ème siècle, démolie en 1840. Elle était située rue Sainte Marguerite à l’angle avec la rue de la Perrière. Illustre famille rémoise qui a donné 5 lieutenants des habitants.
      B-16-Fontaine d’Ormesson. Du nom d’un ministre de Louis XV. (Lefèvre d’Ormesson- 1617-1686). Projet non construit. Elle se serait située au Marché au Bled (place du Forum actuelle) et aurait été la plus belle des fontaines d’après les plans.
      B-17-Fontaine Trudaine. (Trudaine de  Montigny, conseiller d’état- (1733 /1777) Fontaine Godinot. 18ème siècle, incendiée en 1771. Située place de l’hôtel de ville à l’entrée de l’Orde Ruelle.
      B-18-Fontaine rue du Temple. Disparue
      B-19-Fontaine Sutaine- Rue Jeanne d’Arc- - Lieutenant des habitants. Construite en 1756, détruite en 1850.
      B-20-Fontaine Rue de Contrai
      B-21-Fontaine place de la Couture-dite aussi fontaine Pouilly- Située à la Croisée de la Couture  à la place d’une croix du 12ème siècle installée en 1512 et placée ensuite au sommet de la fontaine. Levesque de Pouilly  (intendant de Champagne-1691/1750) qui fut l’instigateur des fontaines dites Godinot. Cette fontaine disparut en 1842.

            D’autres fontaines devaient être construites mais les projets furent abandonnés. Il s’agissait des fontaines
      B-22- Fontaine Marlot – historien de Reims (1596-1667) non réalisée.
      B-23-Fontaine Clicquot-Blervache- inspecteur des manufactures (1723-1796) –non réalisée.
Autres fontaines
      B-24-Fontaine Bartholdi. Place de la République, il y avait en fin 19ème siècle, une fontaine en bronze  du nom du sculpteur. En été, elle coulait l’après-midi des jeudis et des dimanches. Cette fontaine a été détruite pendant la 1ère guerre mondiale et démontée en 1923. Elle fut remplacée par un simple bassin doté d’un jet d’eau puis en 1989 par une structure moderne appelée le « Luchrone » lui-même démonté pour laisser le passage au tramway, il n’a pas encore été  réinstallé dans l’attente du choix d’un nouvel emplacement.
      B-25-Place de l’esplanade Cérès- baptisée en 1870 – En 1906, au centre de la place il y avait un bassin avec jet d’eau. Ce bassin a été détruit pendant la première guerre mondiale et remplacé par un monument à la gloire des infirmières victimes du devoir inauguré le 11/11/1924 avec les noms de 979 infirmières de 7 pays alliés (auxquelles on a rajouté 5 infirmières et  2 infirmiers de 1940, tous les 7 de Reims.) Faute de place sur le monument, tous  les noms sont répertoriés sur un document déposé au service de l’Etat-Civil de la ville.
      B-26-Place d’Erlon  - Fontaine Subé, du nom du donateur Auguste Subé, (12-12-1807 /17-06-1899)  marchand de tissus qui donna 200000 francs. Inaugurée en 1903 en l’absence du donateur suite à son décès mais en présence de plusieurs ministres.  Le soubassement porte les statues des 4 rivières qui arrosent le bassin rémois : la Marne, la Vesle, la Suippe, (gravée « Suippes par erreur) et l’Aisne. Elle est surmontée d’un génie en bronze enlevé par les allemands en 1941 vraisemblablement pour faire des canons. En 1954, on avait envisagé la destruction de cette fontaine. En 1989 le génie a été remplacé par un modèle à l’identique en matériau composite, une commerçante (fleuriste) du cours Langlet  ayant gardé une maquette de l’original. Cette fontaine est sans eau depuis la fin de la 1ère guerre mondiale.
      B-27-Fontaine Wallace, installée en 1910 place Luton vers la rue Emile Zola. Du nom du donateur anglais, Richard Wallace qui voulait d’abord donner aux parisiens les moyens de se fournir en eau potable pendant la guerre de 1870. En effet, suite aux destructions de la guerre sur les aqueducs, le prix de l’eau était devenu exorbitant et dépassait celui du vin. Le camp retranché de Paris comportait de nombreuses vignes. Créées d’abord à Paris en 1872 pour combattre l’alcoolisme. Fontaines en fonte du sculpteur Charles Lepoutre. Surnommées : « brasserie des 4 femmes ». Environ 10 ont été installées à Reims dont 6 réinstallées après la guerre 1914 / 1918 ou non détruites.
      B-28-Fontaine Wallace installée au square Ponsardin en 1910.
      B-29-Fontaine Wallace –A l’angle de la rue Edouard Vaillant
     B-30-Fontaine Wallace- Situé dans la Patte d’Oie, derrière le cirque.
      B-31- Fontaine Wallace installée Square Sarrazin en 1903
      B-32- Fontaine Wallace sur le parvis Saint Thomas en 2011.
      B-33-Cours  Langlet. Au centre du cours, il y avait un terre-plein tout en longueur. Après la 1ère guerre mondiale, au moment de la reconstruction (1925) on a construit 6 bassins rectangulaires remplis d’eau en mosaïque (blanche, verte et bleue) style art-déco. Au milieu de ces bassins en longueur, on a construit 2 vasques de même matériau doté d’un jet d’eau et entourés de bancs en béton en demi-cercle. Cet équipement n’était plus en fonction après la 2ème guerre mondiale. Les bassins et les vasques ont été remplis de terre et plantés de fleurs. Les 2 vasques d’environ 1 mètre de haut ont été détruites dans les années 1960. L’ensemble a été redécouvert ( ?) en 2010 dans les travaux liés à l’infrastructure du tramway. Elles étaient situées face à la rue de Pouilly et près de la rue de l’Arbalète.
      B-34-Fontaine du sculpteur Adrien Karbowski  (1855-1945) Dans le Foyer Rémois, édifiée en 1930 rue Lanson,
      B-35-Place d’Erlon une fontaine a été érigée en 1982 près de l’église Saint Jacques baptisée Fontaine de la Solidarité. Pour la petite histoire, le syndicat F.O. l’avait baptisé « Solidarnosc «  en fonction des évènements de Pologne
      B-36-Devant le centre des Congrès, une lignée d’une vingtaine de jets d’eau a été implantée dans les années 2000
      B-37-Place du Forum – fontaine moderne édifiée sur le terre-plein où se trouvent les cryptoportiques.
      B-38-Fontaine  Buirette- 3 bassins avec jets d’eau édifiés en 2006.
      B-39-Hautes Promenades- jets d’eau au milieu des pelouses
     B-40- Parc Mendès-France (Val de Murigny), jet d’eau de 6 mètres de haut.


Les Puits -non exhaustif

Suite à autorisation du Conseil de Ville, plusieurs centaines de puits ont du être creusés entre le 12ème et le 18ème siècle pour permettre aux habitants d’accéder à l’eau potable.

.      C-1- Rue des Capucins.
En 1864 on voyait encore dans la rue le puits Godard  du nom d’un chanoine de 1735.
      C-2- Rue du Clou dans le Fer. Un puits existait au milieu de la rue.
      C-3- Rue de la porte aux Ferrons, un puits appelé « puits à la chaîne » était visible en 1786
      C-4- Rue du Puits l’Eveillé au 15ème siècle. Située place Myron T. Herrick actuelle. C’était peut-être le nom du propriétaire du puits.
      C-5-Rue du Puits Taira, ou du puits de Taira, ou du puits de Terra ou du puits Terra, rue baptisée en 1765. Un puits était creusé dans la cour de la maison du même nom au coin de la rue de la Salle.
      C-6-Rue Robert de Coucy Au 8ème siècle, il existait à l’emplacement d’un contrefort de la tour nord de la cathédrale un puits dit de Saint Rigobert ou Saint Robert, archevêque de Reims en 698, décédé en 743.
      C-7-Prés de l’église Sainte Geneviève aurait existé un puits au 8ème siècle qui aurait eu des propriétés miraculeuses. (Disparu en 1760)
      C-8-Rue Suzin- En 1775 – On y voyait la maison du puits sans vin
      C-9-Rue Tournebonneau- (actuelle)
Origine : Première explication : elle était tortueuse –ou Deuxième explication : même origine que Tournebois : un puits était dans cette rue muni d’un mécanisme en bois qu’il fallait tourner pour remonter les seaux d’eau (d’après Tarbé) – ou jeu de mot : on tourne et on a de la bonne eau. Jadart penche pour la première explication. La rue allait de la rue Saint Bernard aux remparts (boulevard Dieu-Lumière) On trouve d’autres noms : rue Tournebouël en 1428,  rue Tourneboyau en 1536, ou Tourne-Boyau en 1549,  rue Tournebois, Tourne-Bonneau d’après le plan de 1765 mais connu en 1543, Tourne Bonne Eau (Affiches de Reims), Tournebonel d’après l’annuaire Matot-Braine de 1924.
      C-10-Rue Tout n’y faut.
Elle disposait de 3 puits et des commodités annexes. Elle avait porté le nom de Saint Jean Césarée et allait de la place Saint Nicaise au boulevard Cérès.

NOTE : La rue Tout y faut  était disposée parallèlement à celle ci-dessus, elle ne disposait ni de puits ni de fosse d’aisance. En 1841, elle fut baptisée rue du Réservoir  car située  prés de la tour où se trouvait le réservoir des eaux de la ville de Reims. En 1864, elle allait de la rue Saint Jean dite Césarée à la place de la tour du puits.

      C-11-Tour du réservoir des eaux. Elle abritait un puits.
      C-12-Allée des Sources – créée en 1958 prés du lieu-dit « les Sources » où ont été creusés les premiers puits d’eau potable.
      C-13-Place de la Couture. (Place d’Erlon) Les locataires des loges avaient le droit de creuser un puits et d’installer un escalier (droit reconnu dans la charte dite « Wilhelmine » de 1182.
      C-14-Cathédrale – voir Légende/rivières
      C-15- voir « rivières » rue des 3 Fontaines.

-Les étangs- autres-

      D-1- rue Chanteraine.
En 1776, les affiches de Reims indiquaient « Chanterenne ». En 1864, on écrivait « Chante-Raine » Elle était située près de l’étang de Chante-raine ou « canta-rana asséché en 1803. La rue donnait rue de Versailles d’après le plan de 1769 et allait de la rue Dieu-Lumière à la rue Saint Bernard. L’étang asséché a été remplacé par le Pré aux Moines.
Le nom viendrait d’une servitude médiévale ; les vassaux devaient battre l’eau pour empêcher les grenouilles (raines en vieux français) de coasser.
      D-2-Etangs de Saint Charles. Rue du Bois d’Amour. L’hiver, on y patinait. Possibilité indiquée par des drapeaux (vert ou rouge) place Royale et place de la République, jusqu’en 1950. La construction de patinoires couvertes a rendu obsolète cet équipement 
      D-3-Etang de Saint Léonard – entre le canal et la Vesle (ponts de Saint Léonard) à la pointe sud de la ville en bordure de la commune du même nom Un déversoir conduit les eaux à la Vesle au sud-ouest.
      D-4-Rue des Abreuvoirs-
 Rebaptisée  rue Raymond Guyot en 1946.  Elle comportait une mare à chaque bout.
      D-5-Rue de l’abreuvoir.
      D-6-Rue de Bétheny. En 1903, un abreuvoir la longeait  sur toute sa longueur.
      D-7-Rue du Gué –Pour traverser la Vesle. Elle allait de la rue de Taissy à la rue du Pré aux Moines. Elle s’appelait précédemment rue de l’Abreuvoir
      D-8-Rue du cloître – entre la rue Carnot et la rue Robert de Coucy-On y a trouvé des thermes romains. Des fouilles ont été  entreprises en 2007 puis recouvertes par une dalle ; Rue rouverte à la circulation en 2008.
      D-9-Rue Saint Symphorien- thermes romains du 4ème siècle. Vestiges
      D-10-Chemin des Lavoirs – ou rue du Lavoir en 1875. Il partait de la rue de Fléchambault et était compris entre 2 bras de la Vesle. Il se terminait en impasse ;
      D-11-Terrain des Lavoirs. En 1772, il existait entre les Basses Promenades et la Patte D’Oie ; Il comprenait un étang.
      D-12-Rue Ponsardin- un lavoir public s’est ouvert en 1862.

NOTE Complémentaire

      D-13-porte Fléchambeau – en 1780, on note la présence d’un moulin à eau.
      D-14-rue du Jard de la Poterne ; L’accès à la Vesle se faisait par une poterne permettant aux jardiniers  d’avoir un accès direct à la rivière. Prolongée jusqu’à la rue de la Fleur de Lys suite à la démolition de cette partie des remparts. La poterne disparut en 09 /1873.

Bains

Le nombre important de bras de la Vesle a permis la construction de nombreux bains  publics ou privés sur les rives.

      E-1-Rue des Bains Andreaux. Disparue en 1929- baptisée du nom du propriétaire En 1878, on pratiquait les prix suivants. Hommes : 0,50 f et femmes : O, 6O f.
      E-2-Rue des Bains du Jard. Connu en 1358 – disparu.
      E-3-Bains de madame Lagrange –privé- Actuellement Jardin Pierre Schneiter et précédemment, jardin d’horticulture. Un plan de 1875 indique la présence de pépinières à cet endroit. Le jardin a été séparé de la Patte d’Oie en 1841 et restructuré en 1982. Un zoo y fut implanté de 06-1961 à 11-1974.
      E-4-Rue de Neufchâtel. En 1900, on y voyait un établissement de bains.
      E-5-Rue des Premiers Bains (rue de Talleyrand) baptisée au 15ème siècle. Un établissement de bains  y aurait existé.
      E-6-Bains des 3 rivières. Dits aussi « les bains froids »Situé près du pont Huon. Créé en 1882. Propriétaire : Napoléon Guinot. Disparu en 1965. Remplacé par un parc.
      E-7-Bains La Piquanette et Marguerite la Buironne. Connu en 1328- disparus- Du nom des propriétaires. Situé à l’ouest de la rue de Chativelle. Tarbé ne retient que bains de la Buironne.
      E-8-Chaussée des bains – baptisée au 19ème siècle- actuellement rue Albert Thomas.
      E-9-Rue de l’Etape – Bains publics dits « bains Santerre » 1908.
      E-10-Rue du Pistolet. Disparue au 20ème siècle après restructuration du quartier Saint Remi, recrée en 1972 dans le même quartier. Appelée rue au Bain en 1328.
      E-11-Rue Eugène Wiet – baptisée en 1828. Appelée rue des Bains. Elle allait de la rue Saint Remy à la rue du Ruisselet.
      E-12-rue Ponsardin- bains publics
      E-13-Bains publics -42 rue Paul Vaillant Couturier – Toujours en fonction actuellement.
      E-14-Bains publics – rue Camille Lenoir, derrière l’église Saint André. Ils ont cessé de fonctionner après la 2ème guerre mondiale.
      E-15-Bains Guinot- connus en 1869. Le propriétaire était Achille Laviarde connu aussi sous le nom de roi d’Araucanie.


Piscines

      P-1-Thiolettes
      P-2-Château d’eau
      P-3-Olympique
      P-4-Orgeval
      P-5-Talleyrand
      P-6- Parc Pommery (détruite en 1914)
      P-7- 4 piscines dans des copropriétés privées
      P-8- 3 piscines dans des hôtels

NOTE complémentaire :

-Rue Rouillé d’Orfeuil (-1732/ 19-07-1791) Améliora le réseau d’adduction d’eau

-Rue jules César Poulain : baptisée en 1887. Manufacturier- maire (27/01/1822-20/06/1886, il renforça le réseau de distribution d’eau de la ville ; 1528 concessions- 121 bornes publiques.

-Rue du docteur Techoueyres  (15/12/1878-06/10/1954) médecin militaire ; Inventa un système de traitement de l’eau : la verdunisation car employée à Verdun pour la première fois pendant la 1ère guerre mondiale. Reims fut la 2ème ville équipée.


Le Canal

Pour terminer cette étude sur l’eau et la commune de Reims, signalons qu’un canal dit «  de l’Aisne à la Marne » traverse la ville. Il va de Berry au Bac à Condé sur Marne sur 58km ; C’est un canal au gabarit Freycinet pour des péniches de 300 tonnes de 39m de long. Au 17ème  siècle, une petite portion fut construite par Hugues Crosnier de Sillery à Reims. Il fut continué  de Sillery à Condé en 1847 et de Reims à Berry au Bac. Terminé en 1866. Il comportait le pont canal de Sillery et le tunnel du mont de Billy où les péniches avançaient par le système du touage. Détruit en 1914/18, il fut reconstruit et les péniches tractées par les tracteurs électriques de la SGTVN (société générale de traction sur les voies navigables)

jeudi 27 décembre 2012

La place d'Erlon

Histoire de la plus emblématique des places rémoises.

            Pour commencer, dressons l’état des lieux.

            Une tribu gauloise, les Rèmes (traduire par « les Premiers ») venus de Belgique est venu s’installer dans la région d’abord prés de Condé sur Suippe au nord de Reims que les historiens appellent « vieux Reims ». Puis à la suite de différents armés avec leur voisin, la tribu des Suessonnes (Soissons) Ils se sont réfugiés sur le mont de Berru. Profitant d’une accalmie, les Rèmes sont redescendus dans la plaine environ 300 ans avant JC. Ils ont construit une cité en bordure d’une rivière, la Vesle (dont le nom vient du gaulois « Vidula » la rivière dans la forêt – ou « Vesula » du nom d’une divinité romaine) qui musardait dans un large lit marécageux allant de la rue de Talleyrand actuelle à l’est à la montagne Sainte Geneviève à l’ouest et de Fléchambault au sud à Clairmarais au nord.  Ils ont baptisé cet oppidum du nom de Durocorter en celte gaulois puis Durocortorum en latin (la forteresse ronde) Cet espace était le royaume des jardiniers jusqu’en 1190. Ils y cultivaient des plantes potagères dont les joutes ou joustes, sorte de bettes. Ces plantes à propriété laxative étaient très prisées par les gens de l’époque mais bien oubliées actuellement. Ce terrain était appelé « la Couture » ou la Culture en Français moderne. Il garda ce nom jusqu’en 1850.
          Au cours du premier siècle après JC, un rempart fut construit. Il consistait en une levée de terre d’environ 10 mètres de haut surmontée d’une palissade et précédée d’un fossé de 40 mètres de large. Au 2ème siècle, la Gaule fut investi par les légions romaines sous les ordres de Jules César. Elles rencontrèrent l’hostilité de tous les peuples gaulois traversés sauf sur le territoire des Rèmes qui leur firent allégeance. Ce dont ils tirèrent grand profit dans le cadre de la « Pax Romana ». L’empereur Auguste divisa ses nouvelles conquêtes en 3 parties dont la Belgique Seconde dont il fit de Durocortorum la capitale. Les romains construisirent un camp rectangulaire au nord de la cité et d’une superficie au moins égale à celle de la cité. On y trouvait des casernes, des écuries, des magasins. Ce camp pouvait contenir l’équivalent de plusieurs légions venant au repos après des opérations sur le Rhin.
           Au 3ème siècle, pour tenir compte de l’accroissement démographique de la ville, un nouveau rempart fut construit.
          Nous sommes arrivés au bout de l’époque antique. Faisons un bond de quelques siècles, jusqu’au 12ème et plus précisément en 1182.  A cette date, l’archevêque Guillaume aux Blanches Mains, (1135-1202) oncle de Philippe Auguste  fut nommé à la tête du diocèse de Reims. Une de ses premières décisions fut de prévoir un terrain  dans la Couture d’environ 50 mètres sur 350 pour y regrouper tous les métiers bruyants de la cité : forgerons, chaudronniers, tonneliers, charrons, serruriers, menuisiers et autres. Sur le pourtour, des habitations,  que devait fournir le conseil de ville, étaient établies sur des loges ; il s’agissait d’espaces en retrait de l’étage supérieur qui était supporté par des poutres. Notons que ce mot de « loge » d’origine germanique a donné « logis » en français. Leurs occupants avaient le droit de creuser des puits et de construire un escalier. Certaines loges furent appelées au 17ème siècle loges des toiles car elles étaient occupées par des marchands toiliers, étoffes et chanvre et étaient regroupées à droite de la rue de Thillois qui était connue sous le nom de Tilloy depuis 1183. Signalons que le nom de la rue amenait 2 explications : elle allait dans la direction du village du même nom ou venait du vieux français Til ou Thil, écorce dont on faisait les cordes de puits. La proximité avec les loges des toiles accréditerait cette 2ème version. On trouvait aussi la loge de l’archevêque ou le bailli ducal rendait la justice pendant les foires.
           Le terrain  du d’abord être asséché. Il était en 1183 parcouru par un ruisseau, un des nombreux bras de la Vesle non canalisée. La place était située en dehors  des remparts du 3ème siècle et ce n’est qu’au 14ème siècle qu’elle fut incluse dans le nouveau rempart. Pour le lotir rapidement l’archevêque eut recours à un processus courant à l’époque : il accorda certaines libertés et autonomie pour les choses courantes aux occupants et l’édification d’une mairie comme celles de Venise ou de Clairmarais.   Il se réservait les droits de Haute et Basse Justice.
          Notons que lors de la reconstruction de la ville détruite pendant la première guerre mondiale, les architectes ont conservé ce style de loges entre la rue Condorcet, la rue de l’Etape et le cinéma Gaumont et, de l’autre côté, entre la rue de Thillois et la rue Chativesle.
          En 1183, l’archevêque vendit à la commune le reste du terrain de la Couture pour une somme modique. De plus, il octroya aux habitants une charte libérale appelée la « Wilhelmine » qui leur permettait de s’administrer eux-mêmes pour les choses courantes. Il était surtout préoccupé de maintenir la paix civile avec les habitants. Le populaire appliqua bientôt un surnom ironique à la milice bourgeoise de ce nouveau quartier, elle fut appelée « Royale Carotte »
          Parmi les décisions prises par le conseil municipal, notons un arrêté du 02/07/1821 où il est fait défense à tout individu de conduire des bêtes de somme, brouettes ferrées et autre sous les loges. Un autre arrêté du 12/12/1842  interdisait l’accès des loges aux filles publiques.
          Depuis sa création jusqu’à son baptême comme place d’Erlon, elle porta plusieurs noms  concomitants ou successifs sur tout ou parties de la place.

Il y eut         
-  la place de la Couture
-  La rue de la Nouvelle Couture
- Le quarrel Reinier Buiron  (au 15ème et 16ème siècle) du nom d’un habitant.            
- Rue de la Porte Buiron
- Rue du Franc Jardin 
-  Rue du Franc Quarré (ou Carré en 1864) entre Thillois et Buirette.
Ou                 
- Rue du Franc Jardin de la Coulture (en 1602)
- Quarré de Pellerin-Bataille (ou Carré) en 1358.

En dernier ressort : appellations non officielles :
- Cour d’Erlon (guide Michelin 1900)
- Place Saint Jacques (en 1910)

Au milieu de la place
- La Croisée de la Couture (au croisement de la Couture, la rue Large et la rue de l’Etape).

Au début de la place, au sud, on trouve la rue Marx Dormoy qui donne accès à la rue de Vesle qui recouvre le Décumanus Romain. On y trouve l’église Saint Jacques.

De l’autre côté (vers la gare, la place était fermée par des portes)

Soit               
- porte Raguenaire-Buiron  connue au 14ème siècle (Géruzez)
- porte Ragenaire-Buiron fermée en 1359  (Tarbé)
- porte Regnier-Buiron (au 14ème siècle)
Ou    
- porte Regnier-Buyron (au 15ème siècle)
- Plate-forme Saint Jacques en 1651 pour donner accès aux  Promenades et qui pouvait être équipée de canons. Elle était entourée d’un rempart crénelé et de meurtrières.
- Porte Royale. En 1740, Louis XV y est passé  à son retour de la bataille des Flandres.
- porte Neuve. Grille construite en 1839, baptisée le 29/07/1844 et disparue en 1848. Cette porte fut aussi appelée porte de la Couture ou porte des Promenades.

           La place est toujours la plus grande place de la ville : 365mètres X 42mètres.
         
          Tout nouveau quartier qui se respecte devait, au moyen âge avoir son église. Elle fut commencée  en 1190 et terminée en 1270. C’est le seul exemple d’église à façade-écran du nord de la France. C’est la plus vieille église de Reims après Saint Remi. Elle fut appelée un temps Saint Jacques le joutier ou le Joustier  puis Saint jacques le Majeur pour la différencier d’une autre église Saint Jacques. Le clocher ruiné en 1548 fut reconstruit et l’église agrandie. Elle ne fut pas détruite à la Révolution : le conseil municipal ayant décrété qu’il ne devait plus y avoir que 10 paroisses au lieu de 39 à Reims, elle fit partie de celles qui furent conservées. Elle fut tour à tour écurie, caserne et prison pendant la Révolution. Elle a récupéré une grande partie du mobilier de l’église Saint Pierre le Vieil toute proche,  détruite à cette occasion et qui fut en son temps la plus vieille église de Reims. L’église Saint Jacques redevint église paroissiale en 1802. En 1814, elle servi de nouveau de prison pour des soldats de l’armée russe capturés par le général Corbineau. Elle a été classée monument historique le 8/7/1912. Détruite à la guerre 1914/1918, elle fut reconstruite entre 1921 et 1932 par l’architecte de la ville Henri Deneux qui y fit un essai de charpente en béton en avance sur son temps et précurseur de celui qu’il installa pour la charpente du toit de la cathédrale incendiée en 1914. Le clocher fut reconstruit seulement en 1991/1994. L’église donne dans la rue Marx Dormoy actuelle qui porta plusieurs noms au fil des ans dont rue des Tranchées, rigoles qui recueillaient l’eau de pluie et malheureusement aussi les déjections des habitants. Le cimetière de l’église Saint Jacques se situait à l’autre bout de la place, La porte de ce cimetière se trouvait au niveau du cinéma Gaumont.

          Une  foire s’installa aussi sur la place par la grâce de l’archevêque. Elle s’appelait la foire de Saint Remi, sans rapport avec l’église. Elle n’est notée que depuis 991, Elle avait lieu près des remparts du faubourg Saint Eloi (angle de la rue du  colonel Fabien et de la rue Martin Peller). Ce n’est que depuis cette date qu’on trouve des écrits sur le sujet. Une charte de 1149 parle de marchés hebdomadaires le vendredi et le samedi. En 1170, Henri de France la confirma. Une bulle du pape Léon XII atteste aussi d’un forum sur la place du même nom pour une semaine jusqu'à la sainte Célinie. Celle-ci, née en 470 était la mère de Saint Remi mais ne fit jamais l’objet d’un culte particulier à Reims.

          Les taxes perçues étaient reversées aux hôpitaux pour lépreux Saint Ladre (hommes) et sainte Anne (Femmes) établis dans le quartier.

 Mais très vite, on s’aperçut de l’intérêt majeur de transformer cette foire en véritable marché commercial. C’est l’archevêque Guillaume aux Blanches Mains  qui décida que la grande foire se tiendrait désormais de la veille des Rameaux à la veille de Pâques sur le terrain de la Couture.  Les lépreux y perdirent leurs subsides. Elle n’était pas malgré tout aussi importante  que les grandes foires de Champagne de Troyes et Provins. Les petits métiers y installaient leurs produits variés, étoffes d’Italie, draps et toiles de la région. La foire périclita au 15ème siècle mais en 1619, la place s’appela « Cousture où se fait la foire »

           A l’occasion de ces foires, la rue Large, actuelle rue Buirette, devint une annexe de la place de la Couture : les marchands y stationnaient leurs attelages.

           On accédait à la place par plusieurs voies dont à l’est, la rue des Eleusz, connue avant 1358 devenue rue des Elus  actuelle puis rue Condorcet en 1924 pour la partie comprise entre la place et la rue de Talleyrand après avoir porté 10 noms concomitants ou successifs. La rue de l’Etape au vin connue en 1765 devenue actuellement rue de l’Etape lorsque la vente du vin  y périclita. Il existait aussi une impasse du Renard ou du Renard Blanc que certains historiens voyaient contre l’église Saint Jacques et d’autres à la place de la galerie d’Erlon actuelle. A l’ouest l’accès se fait par la rue de Thillois en 1765 également (4 noms concomitants) La rue Large (5 noms successifs) dédiée au moyen âge à l’entrainement des arbalétriers et la rue Chativesle ayant 2 acceptions : Soit le château de Vesle ou les jardiniers pouvaient se réfugier en cas de besoin, soit un dérivé de « cheoit-y-vesle car un bras de la rivière la rejoignait à cet endroit. Depuis 1920, plusieurs galeries commerciales privées se sont ouvertes de chaque côté de la place. Et pour clore ce paragraphe, signalons qu’une allée privée ouvre sous un chartil, prés d’une ancienne librairie prés du cinéma Gaumont. Elle circule parmi des jardins pour atterrir rue de Talleyrand prés de la piscine.

          A la Croisée de la Couture au croisement de la rue de l’Etape, de la Couture et de la rue Large se trouvait une croix du 12ème siècle, placée en 1512 au centre de la Couture puis déplacée lors de la construction de la fontaine de Pouilly qu’elle surmonta. Levesque de Pouilly, 1691-1750 fut l’initiateur des fontaines dites « Godinot » Les plans de l’architecte Legendre prévoyaient une fontaine monumentale dont la taille dut être réduite. En 1793, la croix fut abattue. Un arbre de la Liberté fut planté mais presque aussitôt arraché. La ville promit une somme d’argent pour le retrouver, sans suite.  La fontaine s’arrêta de fonctionner en 1842. La dernière fontaine « Godinot » disparut en 1844.

          Ici, disons un mot sur ces fontaines dites « Godinot »
Au 2ème siècle avant JC, les romains avaient construit un remarquable réseau d’adduction d’eau en partant d’un aqueduc qui amenait l’eau de la Suippe à Reims pour la distribuer à travers la cité par des tuyaux en plomb. A partir du 9ème siècle, la cité fut en butte aux attaques barbares qui endommagèrent ce réseau et le coup fatal fut donné au 12ème siècle par la destruction de l’aqueduc. L’autorisation fut alors donnée aux habitants de creuser des puits individuels dans leur terrain. Mais, la présence près l’un de l’autre des puits d’eau potable et des fosses d’aisance, sans compter les égouts amena des contaminations de l’eau et des épidémies. Sur les ordres de Sully, ministre d’Henri IV, un canal, faux bras de la Vesle, fut creusé sur 8 km depuis Sillery sous le nom de « Rivière Neuve » pour amener de l’eau potable aux habitants. Mais  l’œuvre ne fut pas achevée. Le canal s’arrêta au pied des remparts Le conseil municipal s’en préoccupa en 1665 mais aucune suite constructive ne fut donnée. Il fallut attendre le 18ème siècle pour qu’un lieutenant des habitants, Levesque de Pouilly s’empare du problème. Il contacta le chanoine Jean Godinot, qui venait d’être évincé du chapitre de la cathédrale pour Jansénisme et dorénavant s’occupait de ses vignes dont il commercialisait les vins et était devenu très riche. Celui-ci donna une somme importante (230000 livres) pour la construction de 19 fontaines disséminées dans la cité et contacta le père Féry, religieux des Minimes qui venait d’inventer une machine élévatoire des eaux. Cette machine fut abritée dans un bâtiment que l’on peut encore voir aujourd’hui à l’embranchement de l’avenue de Champagne et de la bretelle de l’autoroute A4. La 1ère fontaine fut construite place Saint Timothée en 1747 et fonctionna jusqu’en 1840. La ville prit le relais en construisant un réseau public d’adduction d’eau entre 1874 et 1885, d’abord en prenant l’eau dans la Rivière Neuve puis dans une nappe d’eau souterraine après sa découverte. Il y eut alors 1528 concessions individuelles et 121 bornes.

          En 1813, en l’honneur du chanoine on avait envisagé la construction d’une fontaine monumentale place de la Couture. On aurait utilisé les 2 figures allégoriques du sculpteur Pigalle du soubassement de la statue de Louis XV installée place Royale. Le tout étant surmonté d’un buste du chanoine. Ce projet ne fut pas réalisé.

          Avant d’en finir avec la place de la Couture, je voudrais aborder un sujet moins réjouissant : La place était aussi un lieu d’exécution publique. Les justifiables étaient traités de 2 manières différentes : ceux condamnés à mort  pour des délits ordinaires, vol de bétail par exemple, étaient revêtus d’une chemise blanche ; ceux condamnés pour crime de sang portaient une chemise rouge. En 1796, la guillotine fonctionna 4 fois. Le dernier « bénéficiaire » un jeune noble, Louis Joseph d'Eu de Montigny  avait émigré et ayant pris connaissance de l’amnistie accordée dans ce cas, rentra à Reims mais se trompa de 2 jours et il tomba sur des pointilleux : avant l’heure, ce n’est pas l’heure.
          Le 2ème fut Nicolas Muzard (15-07-1754) prêtre de Somme-Vesle. Il refusa de préter serment à la Constitution civile du clergé votée le 12-07-1790. Il fut déchu de ses fonctions. Suivirent 2 décrets le 26-08-1792, les prêtres dans son cas sont bannis de France. Il part en exil en Hollande mais il a le mal du pays. Il rentre en France en juin 1795 et reprend son sacaerdoce. Le 25 octobre 1795, une nouvelle loi punit de mort les prêtres exilés rentrés en France.Il se cache mais est arrété le 25 février 1796, condamné et guillotiné le 4 mars.   
La dernière femme qui « bénéficia «  de la pendaison fut Jeanne Delozanne (dite la "Grande Janette) le 11 février 1786, complice d’assassinat.

          Nous arrivons maintenant à 1841. Date du baptême de la place sous le nom de place d’Erlon.

          Ce nom de place d’Erlon aurait d’abord désigné une place sur  l’emplacement du jardin Colbert actuel puis déplacé à son emplacement actuel. Il se trouvait primitivement hors les remparts du 3ème siècle. Il fut ensuite incorporé dans l’enceinte du 14ème  siècle.

          Parlons donc maintenant de celui qui a donné son nom à la place.
Jean Baptiste François Drouet est né à Reims le 29 juillet  1765. Il n’était pas destiné à la vie militaire. Il fut d’abord apprenti serrurier dans une échoppe de l’impasse aux Crocs (incorporée ensuite dans la place des Marchés, future place du Forum) chez son oncle. Il s’est engagé volontairement en 1792  Il conquit ses grades sur les champs de batailles lors des campagnes napoléoniennes. Il participa aux batailles de Fleurus, Eylau et Austerlitz et prit une grande part dans la prise de Dantzig dont il reçut la capitulation. Il se distingua aussi à Iéna. Il était général de brigade en 1802, général de division en 1803 et devint comte d’Erlon. (Erlon était un petit village de l’Aisne avec 470 habitants en 1793, disparu depuis), Il fit toutes les batailles de l'empire. Il fut le premier à reconnaître Napoléon à son retour de l’ile d’Elbe. Après la capitulation de Paris, il s’exila et fut condamné à mort par contumace.  Il devint propriétaire d'une brasserie près de Munich. Gracié par Charles X après les 100 jours. Il fut rappelé par Louis Philippe et devint Pair de France le 19 novembre 1831. Il termina sa carrière militaire comme gouverneur de l'Algérie. Il fut élevé à la dignité de maréchal de France le 9 août 1843. Il décéda à Paris le 25 janvier 1844. Sa dépouille mortelle transférée au cimetière du Nord à Reims vit de somptueuses obsèques le 3 avril 1844. Le 24 mars 1849,  le conseil municipal décida qu’une statue de bronze, imposante, 11 mètres de haut, serait implantée sur le terre-plein central de la place, au niveau de la rue de Chativesle.  Elle fut inaugurée le 28/10/1849.         

           En 1844, il y avait encore des potagers entre les remparts et la place.
 
          En 1845, le peintre Boulangé, de Verzy, présenta une très grande toile  intitulée «  les funérailles de Drouet d’Erlon » Où est-elle actuellement ?

           Pour l’arrivée du  train à Reims. Les études ont commencé en 1834. Le choix du tracé depuis Paris se fit par Epernay pour desservir le camp de Chalons, considéré comme une priorité ; ce qui fut fait en 1849.

          La ligne Reims Epernay dont la nécessité se faisait sentir ouvrit en 1854. Un premier projet faisait entrer  la voie ferrée dans Reims par la rue du Barbâtre puis la rue de l’Université. La halte devait se situer place d’Erlon devant l’hôtel Continental mais on choisit un tracé par l’ouest qui obligea de creuser le tunnel de Rilly pour arriver à l’emplacement de la gare actuelle. Le trajet pour Paris se faisait en environ 4 heures.
 
          En mai 1869 eut lieu le plus important concours musical jamais vu en France avec 8000 chanteurs et musiciens venus de toute la France et de Belgique. Ils défilaient dans les rue du centre ville avec comme épicentre  la place d’Erlon. Ce concours se termina le 17 mai.

           Après la guerre de 1870, la foire se transforma en magasins de pains d’épices, jouets pour enfants et produits alimentaires. Cette manifestation  avait des annexes comme la foire aux vins rue de l’Etape aux Vins où les vignerons vendaient directement leur production. Puis lorsque cette pratique périclita,  la rue prit le nom de rue de l’Etape et une autre annexe rue Large dans laquelle on  exhibait toutes les découvertes récentes sur la vapeur, l’électricité, le cinéma, les rayons X, le gramophone. Cela se faisait dans des bâtiments de bois et de toiles que l’on appelait des » Versailles » On y trouvait aussi des manèges forains

          De 1872 à 1884 il y eut  deux lignes de tramway à cheval. 2 voitures ultra légères avec un plancher, un toit en toile et pas de bat-flancs et 5 bancs de 3 places.  En avril 1873, on ajouta La ligne C ou ligne n°3 passant place D’Erlon ; elles étaient exploitées par la compagnie générale des omnibus. Ce projet avait été financé par l’anglais Jonathan Holden, patron d’une usine textile installée boulevard Dauphinot. Une des plus grosses de France, elle employait 1200 ouvriers.
 
          De 1881 à 1901, il y eut des tramways hippomobiles sur rails.
Puis de 1900 à 1930, des tramways électriques sur 5 lignes.
Les lignes et les matériels avaient souffert  pendant la 1ère guerre mondiale. Le service reprit en 1926.
          En 1932, des autobus prirent la suite jusqu’en 1936. Les mêmes véhicules reprirent du service après guerre.
          A noter que les carcasses des motrices de tramway servirent en 1940 pour établir des barrages sur les rues.

          En 1880, il y eut des grèves très dures dans le textile pour obtenir des augmentations de salaire et le plafonnement à 11 heures du travail journalier. Les ouvriers se réunissaient dans un endroit de la place que l’on surnomma Champ de grève. Ces grèves ont été durement réprimées par la troupe.

          On voyait depuis 1880, de nombreux kiosques à journaux qui, en fonction des besoins, avaient tendance à se déplacer : il y eut jusqu’à 6 kiosques place d’Erlon à des emplacements divers. Actuellement, le  dernier kiosque se trouve place d’Erlon au coin de la rue de l’Etape.

          En 1880 aussi des urinoirs apparurent à Paris, suivis quelques années plus tard à Reims. Le premier fut installé près d’un café (comme presque tous) à l’angle de la rue de l’Arquebuse et du boulevard du général Leclerc. Le dernier édicule du genre disparut à Reims dans les années 1950, il était installé sur le trottoir devant le Continental 
 
           De 1903 à 1906, la place subit une transformation totale à la croisée de la Couture, La fontaine Levesque de Pouilly fut abattue à l’ occasion de la construction d’une fontaine monumentale que les opposants appelèrent une « monumentale horreur »  érigée après concours suite à un don de 200000 francs or d’Auguste Subé, marchand drapier. La première pierre fut posée le 23 mai 1904 avec inauguration le 15 juillet 1906 avec de nombreux ministres mais sans Monsieur Subé décédé en 1899. Un autre projet avait été présenté qui aurait été financé par la profession du champagne mais il fut recalé.

          On voit sur cette fontaine Subé, 4 statues des rivières principales de la Marne : la Marne, la Vesle, l’Aisne et la Suippe que l’on gravât Suippes (avec un S final) par erreur sur le socle, et une victoire en bronze au sommet. A l’origine, les 4 fontaines délivraient de l’eau mais les conduites en plomb furent écrasées  par le passage des véhicules et jamais remplacées.  On s’aperçut alors que l’on ne pouvait pas voir la fontaine depuis la gare, étant donné la masse de la statue de Drouet D’Erlon. Celle-ci fut donc déplacée avec bien du mal à l’angle des boulevards Victor Hugo et Henri Vasnier, en plusieurs jours car le boulevard de la Paix est en montée. Elle avait été placée sur un chariot tiré par 3 chevaux ardennais. Elle passa plusieurs nuits dans un hangar avenue Jean Jaurès car de plus, le piédestal n’était pas prêt. Depuis, elle mène une vie tranquille dans son coin, oubliée de beaucoup de rémois.

           La première braderie de Reims eut lieu sur la place d’Erlon et la rue de Talleyrand le 25/04/1927.
           En aoùt 1933, on vit une fête foraine sur la place avec des manèges de chevaux de bois et de petites voitures

          Pendant la guerre 1914/1918, la place a pratiquement été totalement détruite, sauf la fontaine Subé qui subsista. Pendant 4 ans, depuis le 4 septembre 1914, la ville fut détruite à plus de 80% et reçue environ 300 bombes ou obus par jour. En 1915, il n’y avait plus que 25000 habitants qu’il fallait bien ravitailler.

           On a eu recours à une noria d’autobus De Dion Bouton de la régie des autobus parisiens qui apportaient l’alimentation à Reims. Le transport se faisait essentiellement de nuit pour éviter les incursions des Zeppelins. Dans la journée, ils stationnaient place d’Erlon entre l’église Saint Jacques et la fontaine Subé. La majorité des habitants ayant émigré pour se protéger des bombes, les habitants restants passaient leur vie dans les caves de champagne où se faisaient aussi les classes des écoles. Les séparations entre les pièces et les appartements se faisaient par des tapis tendus sur des cordes. Lors de l’évacuation totale de la ville ordonnée en 1917, il ne restait plus que le maire et quelques adjoints, la police, les pompiers rémois et parisiens.

           En 1900. Sur la place était situé  Le Palais Rémois, présenté comme cabaret/dancing/cinéma/théâtre qui existait déjà au 19ème siècle. Il a été reconstruit en 1921 et est devenu le cinéma Empire puis Gaumont.

          L’hôtel du Grand Moulinet qui était sur le parvis de la cathédrale en fin 19ème siècle et qui fut rebaptisé « hôtel du Lion D’Or » avant la 1ère guerre mondiale  sera reconstruit place d’Erlon près du cinéma pour devenir « le Grand Hôtel de Reims » sous le nom de «  Lion d’Or » et recevra de nombreuses célébrités : Kroutschev, le général De Gaule, le chancelier allemand Adenauer, Tino Rossi et d’autres.

           Pour permettre aux commerces de continuer à fonctionner, on construisit en 1922 des baraquements en  bois de la maison Bessonneau d’Angers, connue pour ses hangars à avions et à dirigeables. Ces baraquements disparurent au fur et à mesure que la reconstruction le permettait ;  les commerçants pouvaient  réintégrer des immeubles en dur. Il y eut soit des baraquements avec seulement un rez de chaussée pour le magasin, soit avec un étage en plus où logeait le commerçant. La ville en était truffée.
          Il faut noter qu’un baraquement occupant tout le centre de la place entre la fontaine Subé et le square Colbert regroupait les magasins à succursales multiples et les comptoirs des grands magasins comme « les sœurs de la Charité ».

          Notons aussi qu’un baraquement Bessonneau existait toujours contre le bâtiment d’une congrégation religieuse, implantée place des 6 Cadrans à  l’emplacement d’un ancien cinéma, le Familial. Ce baraquement abritait jusque dans les années 60 un cordonnier. Le propriétaire du terrain, au décès de ce dernier  fit démolir la baraque pour la remplacer par une affreuse barricade en tôle ondulée. Elle aurait pu être restaurée au titre de souvenir des années de guerre.

          Entre les 2 guerres, on construisit un petit cinéma  l’ac’cin (80 places-5 mètres de large) au 1er étage de la galerie de la FNAC actuelle essentiellement dévolu aux films de Charlie Chaplin ou Laurel et Hardy ou des actualités tout au moins au début.  La caisse était sous l’escalier.

          En 1926, un immeuble situé à l’angle de la rue  Condorcet et de la rue Saint Jacques portait sur le toit une publicité lumineuse pour Contrexéville. C’était la première application de l’électricité à la publicité, puis une publicité pour le cinéma Opéra. Cet équipement existe toujours. Pour la reconstruction de la ville, on fit appel à plus de 200 architectes de toute la France qui appréhendèrent l’art nouveau à leur façon. 2 architectes de la ville, messieurs Rigaud et Bedarida en firent un relevé exhaustif dans leur livre «  Reims  Reconstruction 1920/1930. » On peut dire que Reims est la capitale de l’art déco. Aucune façade n’est semblable. Et je vous engage à regarder en l’air. Je vous signale au passage que l’office de tourisme organise des visites guidées sur le thème de l’art déco.

          Le 20 avril 1941, un collégien du lycée Jolicoeur (collège Roosevelt actuellement) planta un drapeau français avec croix de Lorraine dans les bras de la statue qui couronnait la fontaine Subé. Des représailles suivirent.

          En 1942, la fontaine Subé  perdit sa victoire ailée, emportée par les allemands comme une dizaine d’autres œuvres en bronze pour devenir canon vraisemblablement. La statue de Drouet d’Erlon n’était plus sur la place pendant la 2ème guerre mondiale, mais eu égard à sa présence sur la place de 1849 à 1910, je signale que les allemands avaient prévus aussi son envoi en Allemagne mais n’osèrent pas agir autoritairement.  De longues tractations eurent lieu avec le conseil municipal, les Allemands finissant par proposer son remplacement par une statue en pierre. Les choses trainant en longueur, la libération arriva et la statue en bronze resta à sa place.

          En 1954, il fut question de démolir la fontaine pour faciliter la circulation. Il n’en fut heureusement rien, le conseil municipal votant pour la conservation le 26/02/54. En 1989, une victoire ailée en matériaux composites fut réinstallée au sommet, une fleuriste du cours Langlet ayant gardé une maquette de l’original.

          Pendant cette 2ème guerre mondiale, un restaurant, le Coq Hardi installé à gauche de l’église Saint Jacques offrait de temps en temps un repas à des femmes de prisonnier ou des veuves et à leurs enfants.

          Le 30 août 1944, les américains de la 3ème DB du général Patton sont entrés dans Reims vers  2 heures du matin. Quelques jours auparavant les merceries avaient été dévalisées de tissus bleu, blanc, rouge et les femmes avaient confectionné  clandestinement des drapeaux qui ont été mis prestement aux fenêtres et balcons. La fontaine Subé fut décorée d’une grande banderole tricolore. Le nouveau sous préfet de Reims, Pierre Schneiter décréta la suspension des 2 journaux collaborationnistes.  

            L’un était l’Eclaireur de l’est qui existait depuis 1888. Il avait ses bureaux et ateliers sur la place, en face de l’Empire qui furent immédiatement réquisitionnés par la Résistance qui avait en parallèle édité pendant une bonne partie de la guerre un journal clandestin, l’Union Républicaine. Dés midi, une édition revisitée avec le V de la victoire était imprimée et distribuée. Il comportait un éditorial du colonel Bouchez, chef de la Résistance dans la Marne et de Monsieur Michel Sicre, nouveau maire. Quelques jours plus tard, le journal fut rebaptisé « l’Union «  journal issu de la Résistance, 6 organismes s’étant réunis. L’ancien directeur propriétaire s’appelait Monsieur Paul Marchandeau, ancien maire de la ville et ancien ministre qui échappa à de lourdes peines contrairement à plusieurs journalistes. Il aurait rendu quelques services à la Résistance. Le bâtiment existe toujours en face du Gaumont, les services du journal ayant déménagé.
          Le 2ème journal s’appelait le « Nord-est », lui aussi installé place d’Erlon dont le directeur, Monsieur Maurice Noirot fut déporté, ce qui amena des sanctions moins sévères.

          Les établissements Goulet-Turpin, toujours avides de publicité firent distribués dès le début de l’après-midi du 30 août, des képis de capitaine en carton à leur sigle. Il y eut donc pendant quelques temps une flopée de fringants capitaines de 10/12 ans qui arpentaient fièrement les rues de la ville, quelquefois avec une épée de bois.
          Toujours à la pointe du progrès, ces établissements ouvrirent dans les années 1950, 2 magasins : L’un à l’angle de la rue Marx Dormoy et de la rue de Vesle comme self service alimentaire et l’autre contre l’immeuble de l’Union, place d’Erlon comme restaurant self service. Ils étaient parmi les premiers de France.

          En 1982, une fontaine fut érigée en haut de la place vers l’église Saint Jacques qui fut baptisée fontaine de la Solidarité. Pour la petite histoire, le syndicat F.O la rebaptisa « Solidarnosc » en 1983 pour marquer les événements qui se passaient en Pologne à la même époque.

          Le reste est de l’histoire contemporaine que je vous laisse le soin de revisiter. Il y aurait encore beaucoup à dire mais j’aurais peur de vous lasser. Il ne reste plus qu’à fermer ce document. Je vous remercie de m’avoir lu.

Rue Marx Dormoy- Église Saint Jacques
Bout de la place prés square Colbert

Carrefour avec la rue Buirette et fontaine Subé
Bout de la place vers église Saint Jacques
Statue de Drouet D'Erlon  devant la rue de la Tirelire avant son déplacement
Inauguration de la fontaine Subé
Fontaine Subé
Août 1914- stationnement des autobus parisiens venus apporter de l'approvisionnement
Destruction de la place après 4 ans de bombardements
1922- grand baraquement provisoire pour abriter les commerces
Palais Rémois -reconstruit après la GM- devenu cinéma Empire puis Gaumont
En 1927- première braderie de Reims
Les Loges
Grille des Promenades au 19ème siècle