Au 2ème siècle avant JC, la tribu Celte des Rèmes descendit
de Belgique pour venir s’installer en bord de rivière près de Neufchâtel sur
Aisne (au lieu-dit « vieux Reims ». Elle fut vite en butte aux exactions d’une
autre tribu gauloise des Suessones.
La tribu a émigré sur le mont de Berru puis lorsque la situation s’est
calmée, ils vinrent s’établir au bord de la Vesle, à l’emplacement de Reims
actuel.
Au 2ème siècle après JC également, les légions romaines de César
envahirent la Gaule. Les Rèmes furent les seuls à ne pas s’opposer aux Romains
et fit allégeance à Rome. Ce dont ils tirèrent un grand profit car la ville
devint la capitale de la Belgique Seconde. La ville prit le nom de Durocortorum
Au 3èmesiècle après JC, un rempart fut édifié puis, suivant
l’évolution de la population, un deuxième rempart fut construit au 14ème
siècle (1)
A l’est de la ville, les remparts suivaient une ligne où se sont
construits plus tard les boulevards de la Paix et Lundy ainsi que la place
Cérès, actuel place Aristide Briant. Au milieu de cet emplacement, une porte
était percée dans le rempart, vers l’est : il s’agissait de la porte Cérès
remplacée par une grille en 1851 (2 et 3) Cette
porte donnait accès à la campagne. Elle fut aussi appelée porte de Trèves car
c’était le point de départ de la voie vers cette ville rhénane.
C’était aussi le point de départ de l’avenue Jean Jaurès qui porta
plusieurs noms précédents : Bour de porte Chacre (en 1328) rue du Faubourg
Cérès- Grande rue du Faubourg Cérès après son extension (1774) – route de
Rethel (1875) puis avenue Jean Jaurés.
Biographie de Jean Jaurès (4): Homme politique né à Castres le 03/09/1869- mort
assassiné à Paris le 31/07/1914 par le rémois Raoul Villain qui fut acquitté,
ce qui provoqua de nombreuses manifestations. Raoul Villain a été fusillé aux
Baléares par les Anarchistes qui ont succédé aux Républicains espagnols pour
espionnage au bénéfice des Franquistes. Jean Jaueès publiait ses écrits sous le
pseudonyme « le Liseur ».
Le nom « Cérès » n’avait aucun rapport avec la déesse des moissons mais
venait du latin« Carcer » prison, qui était une des fonctions de cette porte.
La voie et les maisons déjà installées furent rasées en 1358 pendant la
guerre de 100 ans. On craignait que les anglais veuillent prendre la ville. En
effet, une armée de 10000 hommes vint faire le siège de la ville. Elle avait à
sa tête le roi Edouard III qui voulait se faire sacrer roi de France et
d’Angleterre à Reims, mais devant la résistance des Rémois, il leva le siège.
Au 16ème siècle on opéra de même en prévision d’une nouvelle attaque
anglaise. Les faubourgs furent reconstruits à chaque fois.
L’avenue Jean Jaurès est en prolongement de la rue de Vesle, la rue
Carnot et la rue Cérès. A ce titre, elle recouvre presque exactement le
decumanus romain (5)
Sur l’esplanade Cérès, au nord l’avenue Jean Jaurès, de l’esplanade
Cérès à la rue Clicquot-Blervache, prend la rue Jules Warnier. Sur
l’emplacement de cette petite rue se trouvait une butte en 1622 qui était
coiffée d’un château que l’on appelait « le Balloir » (ou Ballouard) démoli en
1755. C’était une tour d’artillerie.
Assez proche de son départ, l’avenue Jean Jaurès donne accès à la rue de
Cernay en direction de Luxembourg.
NOTE sur l’itinéraire : avenue d’Epernay –rue de Vesle – rue Carnot –
rue Cérès –avenue Jean Jaurès – rue de Cernay. Baptisée en 1887, Cette dernière
s’est d’abord appelée chemin de Cernay en 1875 (précédemment en 1860, il n’y
avait que quelques fermes) puis après extension, rue du faubourg de Cernay. En
1906, une société implantée 51 rue de Cernay, la société française des paragrèles et des paragelées exposa pour la première fois des paragrêles pour
la protection de la vigne. Elle participa ensuite avec succès à de nombreuses expositions internationales.
Une grosse ferme, la Ferme des Anglais, existait au
281 de la rue, près de l’usine Holden. Elle fut rachetée par Charles Lafitte en
1911. Se trouvant englobée dans des immeubles HLM à partir de 1970, elle fut
abandonnée puis démolie en 2009. Dans le secteur, une rue de la Ferme des
Anglais a été inaugurée en 2007.
3 événements sont à noter en 1944/1945.
A/ La libération de Reims le 30/08/1944 par la 3ème armée US
du général Patton venant d’Epernay et qui a poursuivi son action après la rue
de Cernay
B/ La mise en place d’une noria de 5500 camions venant de Normandie et empruntant le même itinéraire à Reims pour alimenter la 3ème armée en essence, munitions, matériels et vivres sous le nom de « Red Ball Express » (7)
B/ La mise en place d’une noria de 5500 camions venant de Normandie et empruntant le même itinéraire à Reims pour alimenter la 3ème armée en essence, munitions, matériels et vivres sous le nom de « Red Ball Express » (7)
C/ Voie de la Liberté. Initiée dés juin 1944 par le colonel De La
Vasselais, chef de la mission militaire française pour glorifier l’action de
l’armée américaine. Pose de bornes kilométriques spéciales dont plusieurs ont
disparu ; il n’en reste que 4 à Reims sur le même parcours que ci-dessus (8). Les autres ont été perdues ou n’ont pas été
posées.
Poursuivons notre exploration.
A l’angle de la rue Clicquot-Blervache existait jusque dans les années
1970, une boucherie qui fut vraisemblablement la dernière boucherie chevaline
de la ville.
Eglise Saint-André. (9-10-11-12) La
première citation de l’église remonte à 1251. Elle dépendait alors de Saint
Symphorien. Suivant les auteurs elle était dédiée à Saint Adrien ou à Saint
André et Sainte Catherine.
L'église a été détruite une première fois en 1358 par peur d’une attaque
anglaise.
En 1612, le corps de l’archevêque de Liège, Saint Albert a été retrouvé dans l’église Saint Pierre aux Nonnains hors les murs. Celui-ci avait été assassiné sous les murs de la ville près de la porte Cérès par des envoyés de l’empereur. Le corps a passé une nuit dans l’église Saint André puis a été transféré à Notre Dame (cathédrale)
A la Révolution, en 1792, l'église Saint André a failli être détruite. Elle avait été
inscrite sur la liste des Biens Nationaux. Des habitants l’ont racheté et y ont
tenu des assemblées de section. En 1796, elle a été rendue au culte, desservie
par un curé concordataire.
L’église était en mauvais état. La ville décida de la reconstruire à ses
frais. L’architecte fut Narcisse Brunette, architecte de la ville.
L’inauguration eut lieu en 1865. Le bâtiment qui, précédemment longeait le
faubourg Cérès, fut reculé d’une vingtaine de mètres pour la création du parvis
du chanoine Warnier.
Le clocher culminait à 88
mètres, c’était la plus haute église de la ville (cathédrale 83 mètres) avec un
coq de 1,80 mètre d’envergure.
En 1917, l’église fut
incendiée. Le culte se poursuivit dans l’école Victor Rogelet, située à
l’arrière de l’église, 9 rue Saint André. La reconstruction se fit sous la
direction d’Henri Deneux, architecte de la ville. L’église fut rendue au culte
en 1926.
Le clocher est actuellement
en réfection.
A l’intérieur de l’église,
on voit un tableau de la Nativité, offert par Napoléon III. Un vitrail
représentant Saint Sébastien, payé par la corporation des Archers au 16ème
siècle a été miraculeusement conservé.
On voit également un
calvaire de la Mission.
A l'ancienne adresse du 61 faubourg Cérès, le curé Gabriel Martin Courtin (08-12-1756/31-08-1829) curé assermenté de Saint André avait ouvert un oratoire pendant la fermeture de l'église au culte chez le citoyen Aubry, cultivateur à cette adresse jusqu'au 18 vendémiaire an IV.
Place du docteur Chevrier,
au chevet de l’église-baptisée en 1927.- précédemment Place Saint André en 1858
– puis place du Marché Saint André quant un marché y fut installé. En 1914, on
y voyait la Fondation « Victor Rogelet » et l’usine d’automobile Clément ainsi
qu’une fontaine. Jusque dans les années 1970, on y voyait aussi le bâtiment des
bains douches municipaux dont il ne reste plus qu’un exemplaire rue Paul
Vaillant Couturier.
En face de l’église prend
une petite voie très étroite : 1,20 mètre de large, la cour des Echelles, qui
rejoint la rue de Cernay. Il y eut au Moyen-âge plusieurs cours des échelles à
Reims, c’était là que l’on entreposait les échelles anti incendie.
Un souterrain datant du
moyen-âge a été découvert lors de fouilles, en particulier lors de la
reconstruction de Reims après la 1ère guerre mondiale, sous les
maisons des numéros impairs de l’avenue. Des propriétaires ont parcellisé ce
souterrain à voute ogivale qui irait jusqu’à la place du Forum. Son existence a
été constatée en 1960 sous les numéros 51 à 55 de la rue Cérès.
Au 61 faubourg Cérès, pendant
la Révolution, le curé Gabriel Courtin, curé assermenté ouvrit un oratoire
pendant la fermeture de l’église jusqu’au 18 vendémiaire an IV. Un deuxième
curé de la paroisse ayant refusé le conventionnement a été lardé de coups de
piques et jeté sur un bucher.
Lycée Jean Jaurès.
1885-Création d’un lycée de jeunes filles dans l’hôtel Sainte Marthe, rue de la
Perrière (angle rue Voltaire actuelle) En 1910-déménagement au collège des Jésuites, école Saint Joseph (suite à
la loi de 1905 de séparation de l’église et de l’état.) avenue Jean Jaurès
1914-Occupé par l'Etat-major de la 103ème brigade d’infanterie
1919-réouverture du Lycée.
1929-lycée de garçons (13)
A côté du lycée, une copropriété abrite dans sa cour intérieure une porte dite
porte des Tisserands (14). Il s’agit de l’entrée
de l’usine Gabreau-Galloteau construite en 1870, une des nombreuses usines
textiles implantées dans le secteur. L’usine appartint ensuite aux automobiles
Brazier (15). Puis devint caserne. En 1941,
l’état y implanta le CREPS (centre régional d’éducation physique et sportive)
qui déménagea ensuite rue de Bezannes. Les bâtiments furent détruits en 1985
sauf la porte. La copropriété a essayé de faire classer la porte aux Monuments
Historiques mais ce fut refusé.
Brazier 1890 |
Porte des Tisserands |
Au coin de la rue du Bastion, on voyait depuis 1935, une herboristerie tenue par une dame âgée (en 1972, date de sa fermeture) Il s’agissait de la dernière herboristerie réelle de Reims. En effet, une loi votée à l’époque du gouvernement de Vichy en 1942 réservait cette activité aux pharmaciens. Les herboristeries en place grâce à un agrément de leur propriétaire avaient pu continuer d’exercer jusqu’au départ ou au décès du bénéficiaire. Notons que cette loi agissait de même vis-à-vis des« bouilleurs de crus »
Près de la rue du Bastion,
on pouvait voir le cinéma « Eden » à la façade Art-déco de 1929 (16) qui, en 1950, fut le premier à Reims à proposer
des films en 3D avec distribution de lunettes bicolores (vert/rouge) à
l’entrée. C’est maintenant un dancing et une salle de spectacle.
Après la destruction de la 1ère guerre mondiale et la reconstruction, l’usine reprit une activité du textile puis cette filière n’étant plus rentable, l’usine fut vendu en 1955 à la Soremam (Saprime) qui fabriquait les cuisinières et réfrigérateurs Arthur Martin. En 1962, on voyait dans la cour de l’usine un camion-plateau du début du siècle (1900/1905) qui servait à transporter des matériels d’un atelier à un autre. L’ensemble appartint ensuite à la société Electrolux. Jonathan Holden créa des lignes de tramway hippomobile (19) (3 lignes) qui devinrent la compagnie des omnibus de Reims. De 1872 à 1887, des omnibus à chevaux avec des voitures légères de 15 places. Puis jusqu’en 1901, des tramways hippomobiles sur rails puis, à partir de 1901 jusqu’en 1939, des tramways électriques (20) dont le dernier circula en 1939 sur la ligne de Cernay pour laisser la place à des bus. Il avait fait venir de nombreux jeunes cadres anglais qui s’installèrent autour de l’usine, vers la rue Jonathan Holden actuelle. Le quartier était appelé « le quartier des Anglais » Il utilisa son argent pour le bienfait de la ville : En 1867, il donna de l’argent pour la construction du Temple boulevard Lundy. En 1880, il créa le bicycle club rémois. En 1887, il fit construire la bibliothèque Holden (voir plus haut) par l’architecte de la ville, Narcisse Brunette, à l’occasion du jubilé d’or de la reine Victoria. Ce bâtiment est situé à l’emplacement d’une ancienne bascule publique.
En juillet 1928, on put assiter à la première fête du quarier Jean Jaurés avec défilé de chars dont celui du "Grand Bigophone"
Depuis 2007, à
l’emplacement de l’usine Artur Martin, à l'est du boulevard Dauphinot, un quartier d’immeubles d’habitation fut
créé avec des rues dont le nom se rapporte aux métiers du textile avec une
douzaine de noms comme la rue du Peignage, la rue des Sergiers, la rue des
Cardeurs.
Entre la voie ferrée de
Chalons et la place du Souvenir Français, on voyait en 1962 un ensemble de
petites maisons basses dans lesquelles étaient logées des Harkis (supplétifs de
l’armée française en Algérie) qui vivaient presque en autarcie avec un « chef
de village », un ancien capitaine des SAS qui s’occupait de leurs problèmes
administratifs.
Au nord de l'avenue, on peut voir la gare de triage de la SNCF. Ce quartier porte le nom de "Tir au pigeon". Un stand de tir s'y trouvait jusqu'au début du 20ème siècle. En 1908, un concours international de tir s'y tint. Le stand a ensuite déménagé à Tinqueux.
Dans les années 1970, un des plus importants cirque itinérant, le cirque Gruss hiverna plusieurs années de suite sur ce terrain prété par la ville. D'ailleurs 2 personnes de la famille sont inhumées au cimetière du Nord.
Place du Souvenir Français,
au début de la route de Witry, on peut voir une borne indiquant à tort la
limite de l’avance allemande de 1914 alors que la ville a été totalement
occupée du 12 au 19 septembre 1914 avant que les soldats allemands ne soient chassés
par les soldats sénégalais. Et après commença une guerre de position avec des
tranchées face à face (24-25).
En réalité ces bornes, des
Vosges jusqu’à la mer du Nord, indiquent le point de départ de l’offensive
générale alliée de septembre 1918 qui amena la fin des combats.
La pompe à merde. Depuis 1850, la ville
s’était dotée d’un système d’adduction d’eau centralisée. Par contre, pour
l’évacuation, il n’y avait que des fosses d’aisance individuelles qu’il fallait
vider. Des attelages portant le nom prosaïque de « pompe à merde » circulaient
ville (équipés d’une pompe à vapeur) Il suffisait de faire signe au cocher pour
avoir recours à ses services. La CP montre l’engin devant le restaurant « Au
rendez-vous des Ardennais »
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